Covid-19 : Le MINRESI engloutit plus de 4 milliards F Cfa dans la production fictive des médicaments
Source : Chambre des Comptes/DataViz : ADISI Cameroun

Le ministère de la Recherche Scientifique et de l’Innovation a reçu un budget de 4 054 445 000 F CFA pour la production locale de la Chloroquine et de l’azithromycine, que le Cameroun n’a jamais produit. A la place, l’IMPM qui a reçu 657 088 524 F Cfa pour une production locale, a acquis en Inde lesdits médicaments

Le premier rapport d’audit de la Chambre des Comptes de la Cour Suprême du Cameroun, sur « l’utilisation des ressources du fonds spécial de la solidarité nationale pour la lutte contre la maladie à Coronavirus » dont Datacameroon a eu copie a permis d’identifier les différentes administrations bénéficiaires de ces fonds. Cet audit qui s’inscrit dans son programme de contrôle 2020, a privilégié ceux qui ont joué un rôle central dans le plan de riposte contre la pandémie de Covid-19 et pour lesquels les crédits budgétaires significatifs ont été consommés. « La juridiction relève que le système organisationnel et la gestion financière des ressources ont mis à jour des faiblesses et révélé de nombreux abus », déplore la Chambre des Comptes.

Selon cette institution qui a pour mission de contrôler et de juger les comptes publics, 26 activités prévues dans le décret de répartition du Premier ministre ainsi que leur performance, ont été vérifiées. Il en ressort, que 18 des 19 activités annoncées, ont été mises en œuvre au Ministère de la Santé publique (MINSANTE) et 4 des 7 recensées au ministère de la Recherche Scientifique et de l’Innovation (MINRESI). Ainsi, dans le cadre de la riposte contre la maladie à Coronavirus qui s’est déclaré au Cameroun en mars 2020, un budget de plus de 4 milliards (4 054 445 000) F CFA a entre autres, été alloué au MINRESI pour la production de la Chloroquine et de l’azithromycine.

Source : Chambre des Comptes/DataViz : ADISI Cameroun

Inde

Cependant, selon la Chambre des Comptes, au 31 décembre 2020, 657 088 524 F Cfa de dépenses a été exécuté au titre de cette activité que L’Institut de Recherches Médicales et d’Etudes des Plantes Médicinales (IMPM) a présenté comme la fabrication au Cameroun de 5 millions de comprimés d’hydroxychloroquine et de 5 millions de comprimés d’azithromycine. Pourtant, démontre le rapport, cette activité qui est la résultante d’une proposition du MINRESI faite au Président de la République qui a donné son accord le 9 avril 2020, n’a jamais été réalisée au Cameroun.

Selon cette juridiction, l’IMPM n’a pas lancé de production locale, mais à plutôt procédé à l’acquisition en Inde, de 5 millions de comprimés d’hydroxychloroquine, 500 mille comprimés d’azithromycine et 300 kg d’intrants d’azithromycine livrés le 29 juillet 2020. Une action contraire à la règlementation en vigueur, qui confie l’acquisition des médicaments à la Centrale nationale d’approvisionnement en médicaments et consommables essentiels (CENAME). « Il a alors procédé à leur reconditionnement dans des emballages achetés et imprimés, (fabriqués par ZANEKA, conditionnés par IMPM) alors même que les médicaments étaient entrés au Cameroun dans des emballages respectant les bonnes pratiques de fabrication et de conditionnement. A l’évidence, l’IMPM n’étaient pas en mesure de produire ces médicaments localement… », peut-on lire.

Selon la Chambre des Comptes, l’IMPM a passé une commande contraire à la proposition faite au Chef de l’Etat, et formalisée par un marché signé au lendemain de la mission d’évaluation de la Direction de la pharmacie, des médicaments et de laboratoires (DPML) du Minsanté qui avait relevé dans son rapport l’incapacité de l’IMPM à produire des médicaments localement. Pire encore, aucun de ces médicaments au 31 décembre 2020 n’avait été transféré au Minsanté en dépit des instructions du Président de la République.

Par ailleurs, le rapport révèle que sur les 70 millions F Cfa débloqués dans le budget d’investissement de l’IMPM pour la rénovation du site devant servir à la production de ces médicaments, 15 387 629 F Cfa ont été utilisés pour des dépenses éloignées de l’objet.

Marie Louise MAMGUE

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